Sélectionner une page

Mon discours de réaction à la présentation de la déclaration de politique gouvernementale du Ministre-Président Rudi Vervoort.


Monsieur le Ministre-Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Secrétaires d’Etat,
Chers collègues,
Chères Bruxelloises, chers Bruxellois,

La Belgique et la Région de Bruxelles-Capitale vivent des heures bien sombres, face à cette seconde vague du coronavirus.

La situation est difficile pour tous les habitants de notre Région.

Mais elle l’est encore plus pour certains d’entre nous

  • je pense évidemment aux victimes de cette pandémie et à leurs familles
  • je pense à celles et ceux qui ont perdu leur travail ou ont fait faillite,
  • je pense à celles et ceux qui vivent dans des logements trop petits et sans espace extérieur,
  • je pense à celles et ceux qui n’ont pas de logement du tout
  • je pense à celles et ceux aussi qui ont une santé fragile, qui vivent dans la peur et parfois dans l’isolement

Nous voulons transmettre nos forces et nos énergies à toutes celles et ceux qui font fonctionner notre société.

Et en particulier celles et ceux qui luttent au quotidien pour faire tenir notre système de santé, nos hôpitaux, nos labos.

L’exercice de la déclaration de politique générale en ces temps d’urgence et d’incertitudes est particulier. Nous en sommes conscients. Mais c’est peut-être dans les temps difficiles qu’il est le plus nécessaire de tracer un cap, de définir une perspective pour l’avenir.

En ce sens, nous souhaitons saluer la portée pluriannuelle de la déclaration, qui permet de voir au-delà de l’année parlementaire en cours.

Notre groupe attend de l’exécutif qu’il agisse avec détermination et sens des responsabilités : qu’il soutienne de toutes ses forces les acteurs de la santé, de l’économie, du social, de l’associatif et de la culture ; pour reconstruire la vie de demain.

Certains diront qu’en temps de crise, il faut diminuer les dépenses publiques, qu’il faut agir avec austérité. Ce n’est pas notre credo. Nous pensons qu’il faut, dès maintenant, faire converger les investissements pour que les Bruxelloises et les Bruxellois puissent vivre mieux demain.

Oui il faut investir pour s’attaquer à la précarité, à l’isolement, aux problèmes de logement, à la qualité de l’air…

Oui, il faut investir pour préparer Bruxelles pour que la troisième vague ne soit ni celle du désespoir, ni celle du changement climatique.

Mais aujourd’hui la COVID sévit lourdement.

Dans la lutte contre la crise sanitaire, nous attendons du Gouvernement qu’il donne tous les moyens qu’il peut aux hôpitaux et aux acteurs de première ligne pour fonctionner. Et heureusement sur ce point, nous sentons une vraie détermination de votre part.

  • Cette détermination se traduit par plusieurs engagements d’importance :
  • 64 millions EUR pour le dépistage, le suivi de contact et la médecine préventive en 2021 ;
  • des investissements dans les infrastructures et le matériel des hôpitaux, notamment des respirateurs ;
  • le renforcement des équipes d’Iriscare en charge des maisons de repos, des maisons de repos et de soin et de la gestion des stocks stratégiques ;
  • la mise en place d’équipes mobiles dans la perspective d’une vaccination de la population ;
  • le financement des équipes mobiles de santé mentale existantes et la création de 4 lieux de Services de santé mentale;
  • et enfin, le renforcement des capacités de prise en charge à domicile pour les personnes en perte d’autonomie.

A l’heure où l’on reparle de confinement, il est bon de se rappeler que pour être confiné il faut avoir un logement.  Nous saluons les initiatives pour mettre à l’abri pendant la première vague les personnes qui n’avaient nulle part où aller. Le Gouvernement a pris des mesures importantes d’accueil d’urgence des sans-abris : notamment 950 places d’accueil supplémentaires via la réquisition d’hôtels fermés et plus de 250 places pour les sans-abris atteints par le coronavirus.

Et nous sommes encore plus contents que par delà les réponses de crise, le gouvernement dans cette déclaration développe des solutions pérennes pour ces personnes.

  • Le numéro d’urgence sociale (le 0800 35 243) mis en place lors de la première vague est pérennisé.
  • Le Gouvernement parle d’aménagement/ mise en conformité /de rénovation de 400 logements et de deux espaces d’accueil collectif qualitatif.
  • Il prévoit le renforcement de l’accompagnement psychosocial des 400 ménages relogés.
  • Par ailleurs, la volonté du gouvernement de travailler à ouvrir un centre d’accueil et d’orientation pour les personnes migrantes, témoigne de la volonté de la majorité de trouver des solutions pour ces personnes qui en ont besoin, en palliant à l’irresponsabilité du fédéral.

Ces mesures, pour les sans-abri, pour les personnes migrantes, sont positives. Il est en effet nécessaire que les dispositifs temporaires deviennent structurels pour permettre à toutes et tous d’avoir un chez soi et une vie digne.

En Région bruxelloise, il n’y a pas que des sans logement, il y a aussi énormément de mal logés.

L’accès à des logements décents est une priorité. Le Gouvernement annonce 425 millions EUR sous cette législature pour le logement dont 170 millions pour des politiques nouvelles.

C’est nécessaire, les attentes des Bruxellois et des Bruxelloises sont hautes.

Nous avons besoin de nouveaux logements, certes, mais il faut aussi et surtout rénover pour rendre des logements vides disponibles, pour améliorer le confort de vie et diminuer les factures énergétiques des ménages.

Bruxelles doit offrir des logements décents accessibles financièrement. Comme vous l’avez rappelé, Monsieur le Ministre-Président, pour les 20% des Bruxellois les plus précarisés, seul 6% des logements en location leur sont financièrement accessibles. Il faut plus de logement social. Et la captation de logements privés par les AIS doit prendre de l’ampleur.

Le Ministre-Président a souligné l’augmentation des moyens pour la lutte contre les logements insalubres. Rappelons-nous que cette lutte ne pourra être efficace qu’avec de véritables possibilités de relogement. Dans le même sens, l’identification des logements vides doit continuer. Et il faut déployer des actions pour obliger leurs propriétaires à les remettre sur le marché.

L’allocation loyer est une bulle d’oxygène pour les plus précaires, mais soyons vigilants qu’elle ne devienne une occasion pour des propriétaires peu scrupuleux d’augmenter leur loyer et de s’enrichir sur le dos des plus pauvres. En cela il reste essentiel de continuer à lutter contre les loyers abusifs.

—-

Lorsque l’on prend le temps d’examiner les conséquences de la crise du coronavirus sur les Bruxelloises et les Bruxellois, on constate que deux publics souffrent particulièrement : ce sont les femmes et les personnes racisées.

C’est de manière transversale que le gouvernement entend lutter contre toute forme de discrimination et de violence, et nous le soulignons. En 2021 le plan régional de lutte contre les violences faites aux femmes sera mis en oeuvre. C’est à la fois une nécessité et une urgence. Nous veillerons également à ce que les associations qui travaillent sur les discriminations et celles qui sont actives avec les personnes LGBTQIA+ soient soutenues.

Au-delà de l’action du gouvernement, le Parlement a également tenu à s’engager pleinement. Si l’on salue la mise en place des assises contre le racisme, il nous faudra rester collectivement attentifs à obtenir des avancées concrètes pour faire cesser les discriminations, le profilage ethnique, l’accès inégal à l’emploi, le délit de faciès,… et toutes les formes de racisme.

Dans le volet social encore un point un peu différent mais qui nous tient à coeur : nous saluons la volonté du Gouvernement d’ouvrir une salle de consommation à moindre risque pour la mi-2021. Notre groupe a toujours soutenu ce type de dispositifs pour les toxicomanes.

***

En plus de la crise sanitaire, Bruxelles fait face à une terrible crise économique : de très nombreuses entreprises et emplois sont menacés.

Le choc est énorme et nous aurons besoin de toutes les ressources pour le dépasser : nous avons besoin d’argent bien entendu mais aussi d’énergie humaine et de ses capacités de résilience et d’innovation.

La mission des pouvoirs publics consiste, dans un premier temps, à amortir les chocs pour éviter un maximum de faillites et de pertes d’emplois. Et dans un deuxième temps, de soutenir les entrepreneuses et entrepreneurs et les demandeuses et demandeurs d’emploi.

Pour amortir le choc il faut : informer, accompagner, soutenir financièrement directement, et, assurer la disposition de liquidités. Sur ces points, nous écologistes, notons particulièrement :

  • le renforcement de l’équipe du 1819, un accompagnement des entrepreneuses et entrepreneurs encore plus nécessaire en période de crise,
  • les 250 millions EUR de primes pour les secteurs Hôtels, restaurants, cafés, évènements, et taxis,
  • les diverses facilités de crédit mises en oeuvre par finance&invest.brussels pour amplifier ses missions recapitalisées et nous nous en réjouissons,
  • et le prêt proxi pour mettre l’épargne dormante au service de l’économie réelle.

La crise est telle que toutes les énergies sont nécessaires. Et à l’image de la capitale que nous sommes, l’Europe et le niveau fédéral auront un rôle à jouer dans la relance.

En matière d’emploi :

  • nous saluons la décision du gouvernement bruxellois d’accorder dès le 1er janvier 2021 la prime exceptionnelle appelée « phoenix.brussels » dont l’objectif est de stimuler les employeurs à engager des Bruxelloises et des Bruxellois inscrits chez Actiris. Cette prime soutient également l’embauche de jeunes de moins de 30 ans et d’artistes.
  • Si l’on compte également les formations professionnelles et linguistiques ainsi que le fond rebond pour les travailleurs licenciés dans le cadre de faillites, c’est plus de 50 millions d’euros qui sont débloqués en 2021 pour l’emploi.
  • Pour créer de l’emploi nous aurons besoin d’être créatifs et de tester des nouveaux dispositifs.  Et nous comptons bien voir se concrétiser ou moins une expérience de territoire zéro chômeur dans notre Région.

***

Le politique doit gérer la crise, mais il ne peut se contenter d’être un simple gestionnaire du présent.

Malgré toutes les difficultés que nous rencontrons, le Gouvernement doit montrer qu’il suit une boussole, un cap, une perspective.  Et cette perspective, M. le Ministre-Président, vous l’avez dit, c’est le redéploiement de Bruxelles vers une société inclusive, démocratique et bas carbone.

La transformation de notre société en ce sens offre de réelles opportunités pour développer un tissu économique solide et ancré dans notre territoire.

A ce titre, je voudrais juste pointer quelques mesures de la DPG pour l’illustrer:

  • l’Alliance Emploi Environnement Finances pour la Rénovation durable, l’amélioration des primes Energie / Rénovation et Bruxell’air  :  avec ces mesures, on crée des emplois et on améliore la qualité du bâti en général et du logement en particulier, au bénéfice des Bruxellois.
    Par ailleurs, L’attention portée à simplifier les demandes de primes ainsi que l’accompagnement des ménages les plus précarisés ouvre ces bénéfices au plus grand nombre.
  • le focus sur la formation aux métiers verts, de qualité, non délocalisables : prépare et ouvre des perspectives pour les personnes actuellement sans emploi
  • Le doublement de l’enveloppe Coop Us : encourage le développement des coopératives sur le territoire bruxellois
  • Les investissements dans les transports en commun et le vélo offrent également des emplois de qualité non délocalisables
  • le soutien aux communautés d’énergie et l’intégration des énergies renouvelables grâce à la transposition de la directive Market Design développe un secteur d’avenir.
  • la refonte de l’Agence Bruxelloise de Propreté devra répondre aux défis de l’économie circulaire et à la transition climatique, vous l’avez dit : « Transformer ce qui est considéré aujourd’hui comme un déchet en ressource créera des opportunités économiques. »
  • et évidemment toutes les mesures d’accompagnement social dont j’ai parlé précédemment ont besoin de personnes, de bras, de coeurs et de cerveaux pour aider et soutenir les Bruxelloises et Bruxellois fragilisés. Ça aussi c’est de l’emploi.

Offrir des perspectives et un cap, c’est aussi dessiner la ville de demain, résiliente aux chocs. Une ville où il fait bon vivre et bon travailler, où chacune et chacun trouve une place.

Cette ambition pour la ville de demain s’exprime dans la façon dont la ville grandit, s’assemble et se renouvelle.

C’est du coup partout dans la ville qu’il faut revoir notre façon de gérer et d’aménager le territoire. Intégrer la biodiversité, les espaces verts et la gestion des eaux de pluie doit se faire à tous les niveaux.

La réforme du RRU, de l’arrêté « minime importance » et l’évaluation du COBAT offrent à ce titre de grandes opportunités : nous voulons qu’elles soient saisies.
La crise de la biodiversité, la crise climatique ainsi que la forte demande des Bruxellois en espaces verts et en espaces publics de qualité doivent interroger nos façons d’aménager les grandes réserves foncières existantes, et la reconstruction de la ville sur la ville. Les services écosystémiques doivent être mieux pris en compte et défendus dans les arbitrages liés à l’aménagement du territoire.

Le gouvernement devra tenir compte, comme il s’y est engagé dans la DPR, des avis émis dans le cadre des enquêtes publiques. La fabrique de la ville doit être délibérative, la ville de demain doit être résolument résiliente en s’appuyant sur ses forces vives.

L’espace public, c’est celui de toutes les citoyennes et les citoyens. Leur permettre d’utiliser cet espace c’est le rendre proche de leurs besoins, c’est fournir des services adaptés à tous, c’est penser les projets avec les habitants. C’est pourquoi nous plaidons pour l’organisation d’une réelle participation sur les rénovations et les aménagements des espaces.

Cette ambition pour la ville de demain s’exprime encore dans la manière dont la ville bouge.

  • Nous saluons le maintien d’investissements massifs dans les transports en commun : on pense plus particulièrement au plan bus, au développement du réseau de trams, à la gratuité des transports en commun pour certains publics dès 2012, et à la mise en oeuvre de l’excellent plan Good Move, qui doit permettre à tous les Bruxelloises et Bruxellois de s’approprier leur espace public, leur quartier de façon apaisée et sécurisée ;
  • Pour les écologistes, ces investissements publics considérables et toutes les alternatives à la voiture individuelle qui existent, permettent d’envisager un shift juste et justifié de la fiscalité automobile: pour passer de la possession à l’usage.
  • Saluons enfin la petite révolution en cours en matière de déplacement : l’explosion du nombre de trajets effectués à vélo dans la capitale. Elle témoigne que les pistes cyclables créées pendant la crise coronavirus, répondent à un vrai besoin des Bruxelloises et des Bruxellois.  Nous serons bientôt à l’heure de l’évaluation. Et c’est en concertation avec les communes et tous les acteurs que ces dispositifs pourront être pérennisés.

En effet, la transition écologique se fera avec les gens ou elle ne se fera pas, c’est notre conviction.

Nous saluons donc la création du service de participation régional et le budget conséquent pour sa mise en place. Ce service sera, nous l’espérons, le phare régional de toutes celles et ceux qui veulent lancer des initiatives citoyennes ou participer aux processus participatifs dans la Région.

***

Nous nous apprêtons, collectivement, à revivre des mois difficiles. Les citoyens attendent de la classe politique une attitude exemplaire et un sens des responsabilités.

Plus que jamais, le Groupe Ecolo s’engage à prendre sa part dans l’effort collectif pour sortir de cette crise la tête haute.

Nous voulons et devons offrir de l’espoir et des perspectives aux Bruxelloises et aux Bruxellois.  Nous devons offrir des perspectives aux enfants, dont cette petite Iris qui a pointé le bout de son nez il y a quelques heures, comme un clin d’oeil à notre belle Région.

Je vous remercie.