Je voudrais commencer par deux chiffres qui marquent bien selon moi l’ampleur du volet économique de la crise du COVID : en Belgique, 41 % des salariés ont demandé un accès au chômage temporaire et 50% des indépendants à titre principal ont recours au droit-passerelle. Et ces statistiques ne parlent pas des personnes qui souffrent peut-être le plus : les travailleuses et travailleurs sans papier et de l’économie informelle.
Nous sommes dans une période exceptionnelle, aux conséquences lourdes et dramatiques pour de très nombreux ménages. Et ceux qui déconnectent cette crise du système néo-libéral pour n’y voir qu’un aléa regrettable de l’Histoire se trompent lourdement.
Cette crise, c’est la crise de l’économie à flux tendus, du « just-in time », c’est la crise du désinvestissement dans les services publics et dans les secteurs du « care », c’est la crise de l’exploitation par l’homme de l’humain, de la nature et des animaux.
Ce que cette crise illustre aussi, c’est l’absurde déconnexion entre l’énorme utilité sociale de certains emplois et leurs faibles rémunération et valorisation. Comment aujourd’hui peut-on justifier qu’un trader gagne plus et soit plus reconnu qu’une infirmière ?
Marius Gilbert, dans le Soir du week-end passé, nous rappelait que cette crise est grave, mais qu’elle doit sonner comme un avertissement face aux chocs, bien plus graves encore, qui résulteront de la crise climatique. Nous avons l’obligation morale de tout faire, dès aujourd’hui, pour atténuer les effets sociaux et environnementaux de la crise climatique.
Nous devons relocaliser l’économie, la rendre plus résiliente, plus circulaire, plus juste. Notre économie doit répondre prioritairement aux besoins de la Ville et de ces habitantes et usagers ; et pas viser la maximisation du profit pour quelques-uns.
Nous sommes à l’heure des choix. Les pouvoirs publics doivent protéger les citoyennes et les citoyens en leur garantissant la santé et une vie digne, ET, pour préparer demain, ils doivent soutenir les entreprises qui font le choix de la transition écologique et sociale.
Mesdames et Messieurs les ministres, ma question dès lors est : Est-ce que la Région va conditionner certaines aides ou soutiens économique à des conditions de durabilité ?
Par ailleurs, ne nous voilons pas la face, il y aura des faillites et des pertes d’emploi. L’emblématique Hotel Metropol est une des premières victimes visibles.
Est-ce que la Région a prévu un plan de formation pour ces travailleuses et travailleurs qui vont perdre leur emploi afin de les rediriger vers les secteurs vraiment utiles aux besoins de demain ?
Je pense en particulier aux soins aux personnes, à l’isolation des bâtiments, à la production et la distribution alimentaire locales, à la production d’énergie verte, à la mobilité douce ; et, à la réparation et au recyclage des biens.
Après ces considérations et questions générales, je voudrais porter un regard vers un double secteur : le Tourisme et la culture, qui sont particulièrement touchés par la crise avec l’arrêt complet de leurs activités.
Nous avons pris connaissance du Plan de relance établi par Visit Brussels. Il identifie à juste titre je pense, une reprise du tourisme en 3 phases : les bruxellois, les belges, les visiteuses étrangères
Le plan veut s’inscrire dans la durabilité au travers des 3 piliers « people, profit, planet ». Il compte renforcer les actions de proximité, un tourisme local et durable, ce qui est très positif.
Afin de garantir cette direction, ne faudrait-il pas conditionner l’accord des aides et subsides au respect de normes environnementales et sociales ?
Les Bruxellois, les artistes et musiciens privés de revenus actuellement, seront-ils impliqués dans la mise en oeuvre de ce plan ? Des consultations pourraient susciter de nouvelles demandes et des offres innovantes.
Pour conclure, une question plus générale sur la coordination interministérielle de la crise. Comme on le voit les politiques sanitaires, sociales et économiques sont étroitement mêlées.
Comment articulez-vous vos décisions pour que chaque soutien ait un triple effet : justice sociale, soutien économique et protection environnementale.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le pilotage général ? En particulier la transition entre les mesures de gestion de l’urgence sanitaire et écnomique, et les mesures de redéploiement qui devront leur succéder ?
Je vous remercie d’avance pour vos réponses.